Akira INUMARU
Incandescence
Exposition organisée par la Galerie Guyenne Art Gascogne du 4 au 27 mai 2017 au 32 rue Fondaudège à Bordeaux
Invitation au lancement de l’exposition le jeudi 4 mai à 18H30
Une démarche originale
“J’ai apprivoisé le Soleil”
Akira Inumaru possède une technique de peinture et de dessin hors pair, mais ce qu’il aime avant tout c’est combiner les procédés et interroger ses sujets. Depuis son arrivée en France où il s’est installé à Rouen il a mis au point ce qui est à la fois une technique et un mode de réflexion : les Distillations solaires.
Après avoir dessiné avec maestria, il continue son dessin en utilisant l’énergie du soleil. À l’aide d’une loupe, il va brûler la première couche du papier afin qu’au travers du trou que le soleil a dessiné, des couleurs apparaissent.
Dans un premier temps, il voulait porter la lumière au cœur des ombres, mais très vite, il s’est rendu compte que son travail de brûlure n’était en rien destructeur mais au contraire procédait comme la photosynthèse. La photosynthèse est ce phénomène bio-énergétique qui permet aux plantes de grandir grâce à la lumière du soleil. La beauté des fleurs, la magnificence des pétales et des feuilles sont le résultat de l’ensoleillement.
À l’aide de sa loupe, Akira Inumaru invite le soleil à agir sur ses dessins. De noir et blanc, par la brûlure des premières couches de papier, la plante prend ses couleurs et s’illumine. Par ce processus Akira Inumaru réfléchit au-delà de l’œuvre, aux mécanismes de la nature. Il invite à s’interroger sur le double pouvoir du soleil, permettre la vie, mais aussi la détruire.
Voilà un acte artistique neuf qui fascine celui qui regarde et pousse à s’interroger. Apprivoiser le soleil, c’est le projet d’Akira Inumaru.
La portée d’une telle action est à la fois citoyenne, morale et dans son cas, artistique avant tout. Faire naître de l’énergie solaire – a priori menaçante – une forme de beauté nouvelle.
Œuvres Exposées
“Pour cette action, qui poursuit mon interrogation sur le «saut», j’ai souhaité évoquer Icare.
Plutôt que de coller des plumes sur mon dos pour me fabriquer des ailles, j’ai pensé que l’ombre seule des plumes sur mon dos ferait l’affaire.
Cette performance a produit des vidéos, une série de photographies et une suite d’œuvres sur papier, mêlant le dessin à la technique que j’appelle «Distillation Solaire», où l’utilisation de la chaleur du soleil pour dessiner prend ici tout son sens, n’est-ce pas le soleil qui a fait fondre la cire des ailes d’Icare, produisant sa chute.”
Série Portrait des plantes
Les fuchsias sont parvenus en Europe au XVIIe siècle en traversant l’atlantique. Ramenés de Saint-Domingue, ils ont très vite été en vogue pour leurs étonnantes qualités décoratives. Ils peuvent prendre toutes les variantes du pourpre, se vêtir de blanc ou virer à l’orange.
Un portrait, c’est une rencontre, un dialogue par l’observation, et un long travail pour comprendre et mesurer l’identité de celui qui est en face.
Akira Inumaru observe longuement ces fuchsias avant d’en proposer ce qu’il croit être de vrais portraits où il a cherché à percer ce qui caractérisait leur présence proposée; non pas comme végétal, mais comme être.
Après le dessin, il s’agit d’organiser sa rencontre avec le soleil, qui pour lui est ramener la plante à son contexte de naissance, ce qui n’est pas non plus une simple affaire, et n’a rien à voir avec la production graphique d’une image.
Série Incandescence
Akira Inumaru observe puis dessine avec une minutie scrupuleuse. Énergie et attention toute entière consacrée à ce qu’il fait. Mais il ne s’arrête pas quand cela peut sembler fini.
L’objet de sa quête va au-delà du dessin. Sous un soleil faible ou puissant, à l’aide d’une loupe, il invite une flamme précise pour qu’elle brûle le fort papier, où des heures durant, il a dessiné. Apparaissent les couleurs cachées de très minces papiers de soie, comme si la chaleur et le feu les avaient fait naître. L’œuvre, blessée par la combustion, a gagné en carnation, traversée par des ondes colorées et palpables, elle vibre et résonne au regard. La lumière régit toute vie, toute création, toujours. Ici elle donne au travail sa forme épanouie qui séduit, questionne et interpelle.
«Incandescence» est le titre de ses dernières œuvres, il sonne comme un manifeste.
Les quatre œuvres ainsi intitulées constituent les emblèmes de sa pratique. Trois mains (empruntées à Yves Klein, Magritte et à une enluminure du XVe siècle) font naître le feu tout comme l’œuf qui s’enflamme présage la vie.
L’Incandescence qualifie un corps qui, se chargeant en chaleur, gagne en énergie et mue. L’incandescence caractérise aussi bien l’emportement poétique que l’état amoureux.
Et une œuvre comme son auteur se doivent à l’état d’incandescence, manifestation de ce qui prend vie, voilà ce qui hante l’esprit du jeune artiste japonais.