ANNE BOURNAS
Déjà là / Imago
Expositions organisées du 26 mai au 16 juillet 2016
Déjà là – du 26 mai au 18 juin
Imago – du 21 jui au 16 juillet
Anne Bournas – Aestas -toile marouflée sur toile, acrylique, 125×120 cm, 2011
Textes issus du catalogue réalisé à l’occasion de l’exposition :
AU PLUS PRÈS DE LA PEAU
L’épiderme d’une peinture est une chose assez rare à observer. La couleur et la forme étant souvent le seul dialogue sur lequel s’attarde une grande majorité de peintres.
Chez Anne Bournas, la matière revêt une importance souveraine, tant elle semble être le fruit de la démarche toute entière. Elle est intimement liée à la fois à l’élaboration de la palette – l’artiste mélange à l’huile les matériaux qui l’entourent, sable, écorce, terre, pigments -, et à cette façon, en travaillant à même le sol, de superposer les couches les unes sur les autres donnant naissance à des formes, des béances, des reliefs, des tableaux-paysages.
Son œuvre n’est ni figurative, ni abstraite. Elle paraît à la fois instinctive et primitive, indéterminée et ouverte, reliée en profondeur à un état contemplatif. Tout semble à mi-chemin, au milieu, dans un entre-deux relié pourtant à une longue et ininterrompue filiation des choses dont les origines sont sans âge. Sa peinture s’apparente à une sorte d’archéologie existentielle. Les toiles sont des lieux à la fois compacts (ce que suggère la densité et la quantité de matière) et fragmentaires (formes et couleurs indéterminées).
Les œuvres se donnent à voir et à parcourir comme des voyages intérieurs, comme « des géographies imaginaires » confie l’artiste, naviguant jusqu’aux confins des mythes, au milieu des ruines, attrapant des rêves, ne craignant pas la beauté des désastres géologiques, plongeant dans le silence des grands espaces, flirtant avec l’inconnu et ce qui a toujours été là.
Extrait de l’entretien avec Cyril Vergès
Comment décririez-vous votre relation à la peinture ?
Absolue : la peinture porte en elle une liberté irréductible.
Intuitive : le geste de peindre ouvre la capacité de se projeter hors de soi, de se tenir en suspens, d’entrevoir tout ce que l’on est pas.
Laborieuse : pour peindre, il faut se salir les mains et dans mon cas, s’agenouiller. Mon ancrage est à terre.
Vivante : la toile m’est une seconde peau.
Solitaire : on se sent toujours seul devant une toile pour la peindre comme pour la regarder.
Anne Bournas – Mont Tranquille – huile, sable, pigments sur toile, 80 x 80 cm, 2015
Anne Bournas – Bogolan – huile, argile, pigments sur toile, 125 x 120 cm, 2013