L’artiste se consacre depuis le début de sa démarche artistique autonome et par suite de ses études aux Beaux-Arts de Saint-Etienne jusqu’en 1994, à la peinture et au dessin avec pour thèmes la maison protectrice et l’enfance mémorielle.

Un travail d’introspection, un travail de mémoire oubliée sur sa propre famille et sur sa pré-adolescence, suite à la découverte, dans la cave familiale, lieu où le père de l’artiste stockait les clichés saisis, fruit de sa passion pour la photographie, d’une série de diapositives. La révélation de ces tirages fait apparaître pour Florence REYMOND un paradis oublié, une prise de conscience en tant qu’adulte et peintre.

Il se dégage de l’ensemble de ses œuvres un message qui balance entre féerie et barbarie, à la façon de Pasolini ou de Henry Darger, évoquant un univers unique où se mêlent joie de vivre de l’enfance et conscience de la mort pour l’adulte.

Intervient ensuite le geste de l’enfant, suite à la prise de conscience du rôle de mère qui aujourd’hui occupe Florence REYMOND au quotidien et l’oblige à un dialogue entre apprentissage de l’écriture, du regarde fixé sur le monde d’aujourd’hui et dans une gestuelle libre qui donne toute sa force à l’innocence.

Comme conséquence d’un voyage en Inde et à la vision physique de la mort, une transformation s’opère dans son travail. L’angoisse laisse place à la notion du cycle, avec la nécessité de partager la peinture comme une expérience vivante en évolution. Le travail basé sur la photographie s’arrête à cette période, de même que l’idée de la représentation pleinement figurative, pour laisser la place à la force du mouvement spontané et à l’éclat de la palette.

La couleur s’affirme au travers de son exposition au centre d’art contemporain Le Creux de L’Enfer, dans la mémoire et les souvenirs de son voyage en Inde et de la visite d’une exposition du peintre Rothko. Des œuvres colorées prennent la grammaire et la libération du geste de l’enfant, autour de la joie de vivre, des petites offrandes extraordinaires faites à la vie.

Puis viennent les attentats de Paris. Le travail de la joie de vivre s’écroule suite au manque de respect constaté face à la valeur de l’existence, résultat de cette tragédie. La couleur jaune s’impose à Florence REYMOND, ambiguë, entre le solaire de l’enfance, l’étoile jaune et l’anéantissement. Cependant, une nouvelle ode à la vie émerge, résistante et batailleuse.